Message de la planche:
Arrivée en Martinique

Arrivée en Martinique (23/11/05)

Aloa, Bondia, Bonjour à tous.

Le vent a soufflé très fort au large et sur la Martinique pour nous propulser sur la côte Martiniquaise.

Le 13 novembre, un magnifique prao muni d'une voile verte en pince de crabe est venu à notre rencontre afin de nous guider jusqu'au mouillage de Sainte Anne, au Sud de l'île.
Jérémy et Romuald, à bord du prao "Equilibre" nous offrent notre premier rafraichissement et nous font un accueil marin exceptionnel.

Le bateau s'arrête pour la première fois depuis 24 jours, le bruissement de la coque glissant sur l'eau cède la place au pétillement des bulles ... de Champagne!

Le prao est à peine mouillé que nous le sommes également car nous avons sauté de joie dans une eau à 25°. On se sent un peu décalé et dubitatif dans le sens ou après tant de temps de travail, on y est arrivé!! Comme vous l'imaginez, une grosse fiesta nous a encore plus décalé...

Le lendemain de notre arrivée, nous nous sommes présentés à la mairie de Sainte Anne et à partir de là, nous avons reçus un accueil waiment fo'midable!!!.. par la mairie qui oeuvre depuis quelques années sur le développement durable. Plusieurs martiniquais expriment leur sympathie envers notre action de différentes manières : mise à disposition d'un logement au camping municipal, un ordinateur, une personne a même pris l'initiative de nous faire une tournée de linge (c'est pas la meilleur cadeau qu'on pouvait lui faire) ...

La mairie de Sainte Anne a organisé la couverture médiatique de notre arrivée par la réalisation d'un reportage d'une dizaine de minutes avec RFO (reportage diffusé deux fois en trois jours), une émission d'une heure sur la radio CAYALI ("la puissance du Sud ... "), une interview pour la radio RCI et la chaîne de télévision ATV nous a contactépour un futur reportage. En parallèle, nous avons réalisé des interviews téléphoniques avec France Inter, Ouest France et Océane FM.

Depuis le lendemain de notre arrivée, la planche n'arrête pas de recevoir des visiteurs, ce qui a pour conséquence d'épuiser notre stock de café ... et de salive! Nous nous apercevons que la planche est un outil pédagogique extraordinaire.
En effet depuis quelques jours, nous recevons des écoles primaires, des collèges et nous espérons des lycées. Pendant deux heures, nous nous partageons le travail par petit groupe d'enfants : visite de la planche, discussion sur les énergies, essaie des voiles, un peu de géographie et d'histoire avec la carte de l'Océan... Comble du hasard ? Ces même classes ont dans leurs programmes une partie sur les énergies et les ressources planétaires !!!! Suite à cette visite, une institutrice nous a confié qu'elle a maintenant un énorme potentiel de travail en histoire, géographie, biologie....car cette visite constitue pour les enfants une base concrète.

Ce qui nous arrive est vraiment formidable car les martiniquais (qu'ils soient jeunes, vieux, riches, pauvres, élus ou non) ainsi que les touristes viennent voir la planche et nous rencontrer. Certains font même le déplacement depuis le nord de l'île (trois heures de déplacement aller/retour).
Les discussions vont de la simple curiosité sur les conditions de vie à bord jusqu'au débat ouvert sur les énergies et, bien évidemment, de la politique.

Un bel exemple de rencontre est celle d'un couple de touristes Français venus nous rencontrer suite à la diffusion du reportage sur RFO. Travaillant dans une centrale nucléaire, ils sont venus pour discuter concrètement de leur expérience dans l'énergie nucléaire : fonctionnement d'une centrale, évolution dans l'exploitation des centrales et évolution des risques d'incidents dûs à l'ouverture de la gestion des centrales aux entreprises privés.
Il en est ressorti que nous étions d'accord pour dire que le nucléaire pourrait être fabuleux s'il n'y avait pas de risques dans l'exploitation et s'il n'y avait pas de problèmes de recyclage d'une certaine partie des déchets; sujet sur lequel le lobby nucléaire ne laisse aucune transparence... Comment cela se fait-il alors que l'on nous assure que le nucléaire est fiable et non polluant à 100% ?!?!?!...

Les gens comprennent très bien le but de notre voyage et sont complètement ébahis sur le fait que nous ne soyons que de simples citoyens sans étiquettes politique, associatives ou industrielles. Les conditions de réalisation de notre embarcation, de ce voyage (peu d'argent et pas de subventions excepté la BIOCOOP) et la cohérence dans le fonctionnement de la planche (pas de moteur au pétrole et un simple panneau solaire pour subvenir aux besoins électriques.) sont pour les visiteurs un exemple concret qu'il est possible de fonctionner avec des énergies propres tout en ayant le même confort de vie.

La question à laquelle nous ne pouvons toujours pas répondre seuls est :"Comment puis-je en faire de même dans ma vie quotidienne, sans me marginaliser de la société?"
La réponse à cette question est le but même de notre action. Il ne s'agit pas d'inciter les gens à équiper leur jardin d'éoliennes et de panneaux solaires afin de subvenir " proprement" à leurs besoins énergétiques. Notre histoire semble être aux yeux des visiteurs un exemple de volontarisme.
D'un coup, le fatalisme dans lequel il est confortable de tomber par l'impression de petitesse que chaque citoyen peut éprouver face aux grosses machines gouvernementales et le lobbying de quelques industriels, peut être contrecarré par de l'action locale... avec beaucoup de volonté et un peu d'investissement.

Plus il y aura de gens à s'investir à échelle locale, moins le travail à réaliser parraîtra difficile; plus les modifications à apporter à notre mode de production et de consommation énergétique parraîtront évidentes.

Avec de la cohérence, une commune ou un groupement de commune peut s'autosuffire en énergie renouvelable si elle utilise à bon escient les possibilité de son paysage et combine intelligement les différentes méthodes de production énergétiques. Les éoliennes pour exploiter le vent, les turbines hydroélectriques pour exploiter les rivières, les forages pour exploiter la géothermie profonde, les bouées à vague et les turbines marémotrices pour exploiter le mouvement marin, et enfin, du bon sens afin de ne pas détruire durablement notre milieu de vie. Si une volonté populaire émmerge, la réponse des industriels ne tardera pas derrière.
Des emplois disparaîtront tandis que d'autres se créeront en même temps qu'un nouveau tissu social. La stabilité est bien moins fiable que l'évolution; l'évolution vers l'utilisation des éléments naturels n'est pas une rétrocession.

Enfin, nous vous invitons à découvrir un exemple de réalisation concrète, rencontré sur l'île de Hierro lors de notre escale aux canaries: www.insula-elhierro.com (utiliser le traducteur yahoo ou autre).
Le contact de l'institut technologique chargé en partie du projet est : itc@itccanarias.org ; site web: http://www.itccanarias.org

Quelques questions ouvertes auxquelles nous vous invitons à réfléchir et exprimer vos opinions:

1- Sommes-nous tous fatalistes envers l'avenir ?
2- Combien sommes-nous dans nos communes à partager les mêmes idées sans se mobiliser ?
3- Oserions-nous faire quelque chose ensemble ?

En attendant vos réactions, bon vent à tous!
L'équipage de la planche.

Tous droits réservés. Conception J.Maugendre 2006. Crédits images Jean-Luc Lainé, Pascal Robert, Julien Maugendre, Antonio Marciano-2005-2006.